La chanteuse Rose raconte ses excès et son amour de la vie dans mon podcast Miroirs

La chanteuse Rose se confie au micro de mon podcast Miroirs

« Aller à un concert

Repeindre ma chambre en vert

Boire de la vodka

Aller chez Ikea

Mettre un décolleté

Louer un meublé

Et puis tout massacrer »

Vous vous souvenez certainement de cette chanson, « La Liste ». C’est avec ce morceau que j’ai découvert la chanteuse Rose, en 2006. Je l’ai beaucoup, beaucoup écouté car à l’époque, je vivais une rupture difficile. Et j’ai aussi beaucoup pleuré sur cette chanson, je l’avoue. Depuis, je me suis mariée, j’ai eu une petite fille, je suis très heureuse. C’était donc d’autant plus émouvant de recevoir Rose au micro de mon podcast Miroirs. L’avoir en face de moi, c’est comme si ça bouclait cette histoire qui avait été douloureuse.

La chanteuse Rose a aussi fait du chemin, elle est devenue auteure et elle a crée son podcast elle aussi. C’est d’ailleurs comme ça que je l’ai retrouvée il y a quelques mois, en écoutant son podcast Contre-Addictions. Aujourd’hui, la chanteuse Rose Keren ne cache plus rien de ses failles, alors j’ai eu très envie qu’elle nous raconte comment on réinvente sa vie de femme après avoir été dépendante à la cocaïne, avoir combattu un cancer et une dépression.

La chanteuse Rose face à son miroir

On s’est donné rendez-vous un vendredi en fin d’après-midi au studio. La chanteuse Rose vient seule. Salima, la maquilleuse qui s’occupe des personnalités à la télé, qui les chouchoute, qui les met en confiance, était là aussi. Rose s’installe devant le miroir et ce moment de maquillage, de mise en beauté est un premier moment de confidence, de mise à nu, hors micro avant l’enregistrement du podcast. Elle est très contente de la mise en beauté.

La séance portrait avec la chanteuse Rose

Puis on commence par réaliser une série de photos, d’abord sur fond noir, mes portraits signature, puis sur fond beige. La chanteuse Rose est très à l’aise, je n’ai pas besoin de la guider. Puis Salima s’en va, et on démarre l’enregistrement de mon podcast Miroirs.

« On n’a pas la même vision de soi que les autres »

La chanteuse Rose face à son miroir, c’est toujours mitigé. Aujourd’hui, elle se sent serrée dans son jean. Elle axe son regard sur ses jambes, ses cuisses, une partie du corps sur laquelle elle complexe depuis toujours. Elle est mince pourtant.

Portrait de la chanteuse Rose

Et Rose l’admet, elle a des difficultés à se voir telle qu’elle est. Elle reconnaît sa dysmorphophobie. Aujourd’hui, elle a complètement conscience du décalage entre le regard qu’elle se porte et celui des autres, entre ce qu’elle voit dans le miroir et la réalité : « Je me vois d’une façon pas très bienveillante, mais j’ai conscience que c’est mon regard qui est faux et j’ai confiance dans la parole des gens ».

Adolescence, régime et premiers complexes

« Je suis une traumatisée de la balance. » me confie la chanteuse Rose. Elle m’explique qu’elle a commencé à se peser très tôt, qu’elle a démarré un régime vers l’âge de 15 ans, et que depuis, ça n’a jamais cessé.

« Je trouvais que j’avais des grosses cuisses par rapport à mes copines. J’aurais rêvé avoir des jambes maigres. A partir du moment où j’ai eu mes règles, vers 12-13 ans, j’ai commencé à prendre du poids, et à partir de là, ça n’allait plus dans ma tête. » me confie-t-elle.

Portraits N&B de la chanteuse Rose

Elle raconte comment, à cet âge clé où l’on passe de la petite fille à la femme, elle mange énormément, en cachette, et beaucoup de sucres, sans comprendre pourquoi. Elle n’est pas bien dans sa peau et envie les filles minces, surtout celles qui n’ont pas besoin de manger beaucoup. « La maigreur me fascinait ».

Aujourd’hui, elle comprend ces envies de nourriture, le remplissage d’un vide qu’elle ne percevait pas adolescente : « Je sens quand il y a une sensation de vide, d’ennui, une angoisse, de la procrastination. Et il y a une heure particulière, autour de 16h, 17h, l’heure du goûter-apéro. »

Mais la nourriture entraîne encore de l’angoisse chez elle, comme elle me le raconte plus tard dans l’interview : « Cuisiner, je déteste ça. Déjà, d’être dans la cuisine, c’est une source d’angoisse ! Faire les courses c’est une source d’angoisse ! Alors pendant que je cuisine, je mange, je mange, je mange.»

Célébrité et image de soi

La chanteuse Rose sort son premier titre à l’âge de 28 ans. La célébrité, être au top et être reconnue, est-ce que cela aide à s’aimer davantage ? Pour Rose, la réponse est clairement non. Au contraire, l’arrivée de la célébrité détruit l’image qu’elle aurait pu avoir d’elle : « Ca aurait pu s’améliorer avec l’âge, et en fait ça a été l’inverse. Pendant des années, je n’étais jamais contente, ni de ma tenue, ni de mon maquillage, ni de ma coiffure. »

Et c’est à ce moment que naît une autre addiction, celle à la cocaïne. La cocaïne l’aide, d’abord à monter sur scène avec assurance – sans cela elle est paranoïaque de son aspect. Mais aussi à contrôler son poids. La cocaïne coupe la faim, lui permet de juste picorer après les concerts, et de ne pas prendre de poids pendant une longue tournée. Une béquille qui deviendra par la suite une véritable addiction.

De l’excès à la nuance grâce au yoga

Rose décide d’arrêter la drogue et l’alcool en 2017, et sa vie commence à changer. Elle découvre qu’elle a envie de faire du bien à son corps, de manger sainement. Elle écrit Kérosène, son premier livre.

Rose se met aussi au yoga. Elle découvre la « voie du milieu » et essaie de passer de l’excès à la nuance, à l’équilibre. Les choses se mettent en place. Et même si rien n’est gagné, parce que « c’est très dur d’être addict », Rose explique d’une voix assurée qu’elle ne se laisse plus embarquer vers le fond. « Les faux pas, il y en aura, il y en a eu, mais je ne prends plus rien comme des échecs. Même un échec, pour moi, ce n’est que une réussite différée. L’échec fait vraiment partie du chemin. J’ai arrêté le foutu pour foutu, qui a détruit ma vie. Aujourd’hui je sais qu’on peut limiter la casse. »

« On a un cancer, on est addict, et le souci de ta vie c’est le poids ! »

En 2021, Rose est rattrapée par une autre épreuve, un cancer du sein. Une épreuve qu’elle accepte. Un mal visible cette fois, qu’elle combat comme elle le raconte dans les Montagnes roses, son second livre.

Malheureusement, l’hormonothérapie qui suit la plonge dans une dépression qui la ravage et entraine à nouveau des transformations de son corps. Alors on reparle du poids, le poids qui reste le souci de sa vie : « Si je maigris, tout ira mieux. Et ça c’est un truc, c’est toute ma vie… »

Le yoga à nouveau la sauve, la respiration, la méditation, toute la philosophie du yoga, l’harmonie, l’acceptation. « La respiration m’a sauvée des milliers de fois. »

Aujourd’hui, Rose explique que « mon travail de tous les jours c’est de m’accepter, d’accepter qui je suis ». Ne pas essayer de changer, faire avec ce qui est là, embellir, sublimer. Elle trouve que c’est ça, l’amour de soi.

C’est déjà la fin de l’interview.

Rose accepte de chanter a capella un extrait de La Liste, et j’en suis très heureuse.

Elle me confie qu’elle était très heureuse de participer à cet épisode, « parce qu’on a besoin d’entendre les gens nous parler de leur relation à eux-même. Pour comprendre, l’identification est très importante ».

Ça me touche beaucoup car en créant le podcast Miroirs, je souhaitais donner la parole à des femmes engagées. Donner l’opportunité à ces femmes de s’exprimer sur l’image qu’elles ont d’elles-mêmes, sur des thématiques qui touchent la féminité : complexes, addictions, dysmorphophobie, dépression, métamorphose du corps avec les grossesses, les traitements hormonaux, la ménopause.

Questionner le rapport à soi comme à travers mes portraits photo. Deux formes d’expression pour tenter de redonner aux femmes l’assurance et l’estime de soi dont elles manquent, de les décomplexer et de leur apprendre à aimer leur reflet dans le miroir.

J’ai senti Rose très sincère, très émue, c’était un beau moment de connexion, un moment très doux, très authentique.

Je crois beaucoup aux signes et à un moment, la lumière a clignoté dans le studio, ce qui n’arrive jamais, comme un signe de l’univers….

Je vous souhaite une très belle écoute !

Pour écouter l’interview dans son intégralité : https://urlz.fr/lDlZ

Je vous recommande également chaudement Contre-Addictions, le podcast de Rose :

Et ses deux livres :

Kérosène – Les Éditions Ipanema, 2019

Les montagnes roses – Éditions Eyrolles Bien-être, 2022

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